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pochette3
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court-métrage

MOLII

Steve, jeune gars un peu empoté, fait sa première nuit comme gardien de la piscine municipale. Ses ennuis commencent quand ils voient débarquer trois enfants roms prêts à mettre la zizanie.

réalisation

Mourad Boudaoud, Carine May, Yacine Qnia, Hakim Zouhani

production

Les films du Worso,
Toufik Ayadi et Christophe Barral

UNE CO-REALISATION A 4...

Pour ce film, Mourad Boudaoud, Carine May, Yacine Qnia, et Hakim Zouhani, complices de longues dates, ont décidé de faire une co-écriture / co-réalisation à 4 !
Est-ce vraiment bien raisonnable ? Au regard de cette expérience passée, je répondrais "oui". Carine, Mourad, Yacine et Hakim ont su s'écouter et s'entendre si bien que c'est véritablement la conjugaison de leurs talents respectifs qui a dirigé le film. En étant le film de 4 personnes, Molii ne sera peut-être pas l'oeuvre la plus "personnelle" ou "intime" du monde (en même temps, à ce jour je n'ai pas vu le montage final...), mais l'union de leur regard individuel, et leur permanent débat intellectuel, font du film une véritable oeuvre collective. D'une certaine façon, cela est plutôt rare au cinéma, et sur ce film précis, avant tout basé sur le burlesque de situation, l'expérience valait le coup d'être tentée.

ECLAIRER EN ETEIGNANT

Sur place, le manque d'argent nous a contraint d'utiliser les éclairages existants du lieu (qui est vraiment vaste). C'est au départ une contrainte, qui se retourne parfois en avantage (même les différences de teinte de certains fluos ou mercure apportent une richesse à l'image). Et puis, ça participe de la simplicité et de l'authenticité voulues par les 4 réalisateurs (alias "les 4 fanstastiques"). Donc, plutôt que d'éclairer, on a rapidement opté pour une autre stratégie : éteindre.
Si l'éclairage du lieu est au départ plat et uniforme, en couvrant tel fluo d'un taps, en dévissant telle ampoule, on essayait de redonner davantage de contraste, pour donner une lieu une identité, une dimension dramatique plus claire. Et ce pour un investissement minime !

UN PLAN SEQUENCE UN PEU FOU...

Parfois, tout s'emballe.
Il est 04h30 et on se lance, en retard, dans la préparation d'un plan-séquence difficile. Cadre, comédien, son, lumière, etc... rien n'est prêt et pourtant le jour se lève dans 45 minutes ! Ça parait compromis mais plutôt que de simplifier (ou sacrifier) le plan, on pense qu'il est utile de tenter le coup.
Le héros traverse la piscine parce qu'il a entendu du bruit. Sur son passage, il allume les vestiaires, les douches, puis arrive au grand bassin où il découvre les gosses qui se baignent. On traverse l'intégralité du décor en un plan. C'est le moment où le film bascule (du soir à la nuit, l'arrivée de l’événement déclencheur, la bascule vers la comédie burlesque aussi). Les réalisateurs ont toujours évoqué ce plan comme un moment charnière. Tentons le coup, donc...
Alors on prépare dans l'urgence, en trouvant de bonnes idées par-ci par-là : un lite panel collé contre un chambranle par-ci, une lampe de poche par là, répéter dix fois de suite la descente de l'escalier pour bien l'avoir dans les pieds, revoir chaque extinction, chaque allumage, par talkies avec les personnes situées au compteur électrique ou cachées dans le décor, etc...
05h15 : tout semble prêt. Fragile, mais prêt. Il faut aussi compter sur cette adrénaline, qui lie les membres de l'équipe, qui transcende les concentrations individuelles, et qui rend parfois les premières prises merveilleuses. Moteur donc, ça tourne...
Et c'est là que les batteries du panel lite tombent subitement en panne. C'est l'unique source de la petite pièce (local électrique) où débute le plan. Il y a du jeu dans cette pièce et pour l'instant on est dans le noir... "Les lite panels ont bien une alim secteur, quand même ?" / "Oui, mais elle est dans le camion, on s'en sert jamais" / "Le camion ?" / "...qui est hors du décor, sur le parking, loin...". Le poids des contingences matérielles ! On a beau se mettre dans les conditions de tournage les plus simples possibles, avec le matériel le plus fiable possible, il y a toujours un câble indispensable qui se cache dans un camion, au fond d'une caisse, ou resté chez le loueur. Bref, le temps de râler sur l'ingratitude des objets et leur talent à nous pourrir la vie, la dite alimentation nous arrive de Benjamin dans un sprint héroïque, et Benoit se lance dans son installation (évidemment un peu compliquée, avec un câble à cacher sur le contour du chambranle...). Je l'ai rarement vu dans cet état de concentration. Quelques fractions de secondes plus tard, la lumière fut à nouveau, et nous nous lançâmes.
En fait, je dois avouer que j'aime par dessus ses moments-là, où les énergies de chacun sont focalisées sur la fabrication du film, sa nécessité absolue.

détails techniques

(caméra) Red Scarlett (optiques) Zeiss Standard T/2.1

tournage

Juillet 2013

équipe

(ass. caméra) Marcial Hériteau
(chef-élec) Benoit Jolivet
(chef machino) Benjamin Munier

récompense

. Prix Spécial du Jury du Festival de Clermont-Ferrand 2014 (Compétition française)
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